C’est un mal ancien bien connu du monde des ancêtres : il est pratiquement devenu impossible d’embaucher des travailleurs qualifiés pour s’atteler à ces trésors. Non seulement cette pénurie frappe l’ensemble du secteur automobile mais nos écoles n’enseignent plus les connaissances requises. Mais selon Adelbert Engler, du Garage Mustang situé à Heusden-Zolder, le revirement de situation est peut-être amorcé.
Pour les amoureux de Mustang, le garage d’Adelbert Engler est purement et simplement légendaire. Une espère de paradis entièrement dédié au modèle iconique de Ford et qui draine un public international. « J’ai régulièrement des stagiaires provenant de différentes hautes écoles, dont Thomas More à Sint-Katelijne-Waver », raconte-t-il. « Il y a quelques années, un de leurs étudiants est venu me trouver et m’a demandé de pouvoir effectuer son stage chez moi parce qu’il était un fou de Mustang. Ce garçon a accompli à deux reprises un stage excellent et a même réalisé son travail de fin d’études ici, avec un ami. L’expérience s’est révélée tellement concluante qu’ils n’ont plus quitté le garage depuis. »
Car il s’agit de bien davantage qu’un simple travail. Nick et Olivier se préparent d’ailleurs à reprendre le garage d’ici quelques années. « C’est exact », confirme Adelbert. « J’ai même racheté les parts de mon ancien associé pour pouvoir les embaucher. Lorsqu’ils ont obtenu leur diplôme, je leur ai proposé un contrat de travail et ils travaillent ici depuis un peu plus d’un an. Le but consiste effectivement à ce qu’ils reprennent le garage. Dans trois ans, quand j’aurai 63 ans. Je m’arrêterai là car en ce qui me concerne j’aurai fait mon temps (rires). »
Carburateur
Dans la plupart des formations automobiles, la matière enseignée aux étudiants se greffe fortement sur les technologies modernes. Autrement dit, ils sont capables d’extraire les données d’une voiture connectée à un ordinateur mais régler un carburateur relève de la mission impossible. « Je constate pourtant progressivement un revirement » affirme Adelbert. « La Haute Ecole Thomas More par exemple enseigne de plus en plus les techniques fondamentales, sous l’impulsion de certains enseignants. Cela dit, je comprends parfaitement qu’on ne puisse pas consacrer tout le temps aux carburateurs, à la tôlerie et aux freins à tambour. La vaste majorité des étudiants fera sans doute carrière dans des garages ‘modernes’. Mais je me réjouis de constater que le cœur de certains jeunes se met à battre la chamade dès qu’ils aperçoivent un ancêtre, qu’ils éprouvent encore cette passion et décident d’en faire leur métier. »
Adelbert n’a d’ailleurs pas suivi de formation automobile, en fait à la base il est mécanicien et est devenu autodidacte. « Je suis ravi de savoir que Nick et Olivier s’apprêtent à poursuivre l’œuvre de ma vie. Moi-même n’ai pas d’enfants et, par conséquent, l’avenir de mon garage a longtemps été incertain. Mais bon, même quand on a des enfants on n’est jamais sûr qu’ils reprennent les rênes parce qu’il faut qu’ils aiment cela bien entendu. »
La connaissance des voitures anciennes étant une denrée rare et recherchée, les jeunes qui s’y consacrent trouvent immédiatement du travail et sont bien payés. « C’est comme ça, même si je tiens à relativiser les choses pour moi », commente Adelbert. « Ce n’est pas un secret, chez moi la main-d’œuvre s’élève à 55 euros, hors TVA. Ce n’est certainement pas exagéré. Certes, nos connaissances sont très spécifiques, mais devons-nous pratiquer des prix exorbitants pour la cause ? Je ne le pense pas. Quoiqu’il en soit, il se pourrait que Nick et Olivier voient les choses autrement, je n’en sais rien. C’est une décision qui appartient entièrement au sang neuf (rire). »