Analyse annuelle du marché des speed pedelecs : deuxième meilleure année pour les modèles neufs, année record pour les occasions

Filip Rylant, porte-parole de la fédération de la mobilité TRAXIO, résume les chiffres comme suit : « 2023 fut la deuxième meilleure année jamais connue pour les speed pedelecs neufs, et une année absolument record pour les occasions. L’essor des vélos à grande vitesse n’est pas terminé, et celui du leasing non plus, puisque cette formule représente à présent plus de la moitié du marché du neuf.

Comparé au même mois de 2022, les speed pedelecs neufs (968 unités) ont accusé, en décembre, un recul de -23,4 %. Sur l’ensemble de l’année, le nombre d’immatriculations a chuté de -10,9 % par rapport à 2022. Cela dit, la situation est bien plus positive qu’on pourrait le penser, puisque, avec 15 672 vélos à grande vitesse immatriculés pour la première fois, 2023 devient la seconde meilleure année de l’histoire du speed pedelec, juste après l’année record de 2022. Outre l’effet boule de neige créé par la présence accrue des vélos dans le paysage urbain, cet essor est dû à différents facteurs tels que le trafic historiquement dense, le développement des infrastructures cyclables, les avancées technologiques (meilleure autonomie grâce à des batteries plus puissantes, sécurité améliorée grâce à l’ABS, etc.), ou encore une indemnité kilométrique plus élevée et plus répandue pour les travailleurs qui se déplacent à vélo. En 2024, cette dernière sera d’ailleurs revue à la hausse, et s’élève depuis le premier janvier 2024 à 0,35 €/km.

En 7 ans, le marché des speed pedelecs neufs a enregistré une croissance de 283 %.

On constate toutefois que ce marché est en train de changer, avec l’explosion du leasing, qui s’est arrogé une part de marché de 49,9 % en 2023, prenant ainsi le pas sur les immatriculations réalisées par des entreprises ou des particuliers. Le plus gros recul est celui des particuliers (-33,3 %), mais les entreprises ont elles aussi perdu du terrain au cours de cette année particulièrement pluvieuse ( 11 %). La question est donc de savoir si l’augmentation du nombre de leasings suffira, à l’avenir, à compenser la diminution constatée du côté des sociétés et des personnes privées. Nous pensons que oui. Lorsqu’on analyse l’évolution du marché au fil des dernières années, on constate une croissance constante.

Le point de saturation ne semble pas encore atteint, mais la transition vers le leasing montre que la réalité a tout de même changé : les entreprises se tournent davantage vers le leasing par souci de facilité opérationnelle, et les particuliers adoptent cette formule grâce à des plans cafétéria toujours plus populaires. Par ailleurs, les autorités publiques prennent de plus en plus de vélos/speed pedelecs en leasing, et libèrent les budgets nécessaires à cet effet – surtout en début d’année. Cela explique la hausse anormale du nombre de speed pedelecs immatriculés dans les premiers mois, pourtant froids, de 2023. Et si l’on en croit les bruits de couloir, 2024 devrait commencer de la même manière.

Enfin, en ce qui concerne le leasing, on peut se demander si, en Belgique, les vélos suivront la même tendance que les voitures. On constate que plus de la moitié des speed pedelecs sont des vélos de leasing, et que la part des particuliers diminue fortement. Si cette tendance se poursuit, les distributeurs de vélos devront revoir leur manière de travailler.

Cette transition vers le leasing a également un impact sur les résultats provinciaux, puisque les provinces qui comptent le plus de sociétés de leasing signent actuellement des chiffres disproportionnellement élevés – c’est notamment le cas du Brabant flamand et du Limbourg, mais aussi de la Flandre occidentale. Ces provinces perdent beaucoup moins cette année-ci. À l’inverse, Anvers, qui compte plus sur les acheteurs privés et moins sur les sociétés de leasing, a perdu sa place de leader depuis un peu plus d’un an. La Flandre-Occidentale reste ainsi en tête du peloton, talonnée par le Brabant flamand, elle-même suivie par Anvers, puis par le Limbourg et, enfin, par la Flandre-Orientale, qui reste à la traîne. Bruxelles maintient son niveau (+0 %) tandis qu’en Wallonie – tout comme en Flandre – toutes les provinces sont à la baisse. Le speed pedelec peine à s’implanter sur le territoire francophone. En cause : des infrastructures cyclables peu développées, un trafic plus fluide et, dans le cas de Bruxelles, la concurrence des vélos classiques et des trottinettes dans les zones à 30 km/h.

Sur le marché de l’occasion, décembre fut à nouveau un bon mois, avec une hausse de pas moins de +10,4 % (372 unités). Au cumul de l’année, les Belges ont immatriculé très exactement 1 120 occasions de plus (+19,7 %) qu’en 2022, ce qui correspond à une augmentation de 125,3 % par rapport à il y a deux ans. Sur l’ensemble de 2023, les speed pedelecs d’occasion ont atteint 6 805 exemplaires, un chiffre record qui reflète l’épatante croissance d’un marché qui a encore de beaux jours devant lui. »

L’explosion du marché de l’occasion est principalement due au nombre croissant de speed pedelecs revendus par les sociétés de leasing ou rachetés par leurs clients au terme de leur contrat.

De plus, depuis le 1er mai, tous les travailleurs du secteur privé ont droit à une indemnité vélo, ce qui ne manquera pas de booster les ventes de vélos – speed pedelecs compris. D’ailleurs, le nombre de speed pedelecs neufs immatriculés par des sociétés de leasing a déjà décollé.

En novembre, il s’est immatriculé au total 1 340 vélos électriques rapides neufs et d’occasion, portant le total de l’année 2023 à 22 477 unités.

Immatriculations de speed pedelecs neufs – decembre 2023

Particuliers vs entreprises et sociétés de leasing

Le monde des speed pedelecs est en proie à des changements massifs. Cette année, le nombre de vélos à grande vitesse immatriculés par des particuliers a fortement chuté (-33,3%). En 2023, les particuliers, responsables de la moitié des ventes de 2022, ont vu leur part de marché dégringoler pour se chiffrer à seulement 35,1 %. Les entreprises voient leur part de marché également en déclin (-11%), mais les véritables gagnants sont les sociétés de leasing, qui s’arrogent avec 49,9 % près de la moitié des immatriculations de speed pedelecs.

Le leasing séduit par ailleurs de nombreuses entreprises, que cette formule décharge de préoccupations telles que les contrats, les entretiens, l’assurance ou le calcul de la valeur résiduelle.

Le segment des vélos rapides étant en chute libre, le secteur du vélo s’interroge surtout sur la manière d’inciter les particuliers à opter pour ce type de vélo. Au cours du dernier trimestre, la croissance du leasing s'est également considérablement ralentie, partiellement à cause d’une pause budgétaire auprès des autorités.

Différences géographiques

Si le speed pedelec reste un phénomène principalement flamand, certaines provinces wallonnes et Bruxelles avaient signé de belles avancées en 2022.

En 2023 seule la Région de Bruxelles-Capitale a su maintenir sa position et cela est d’autant plus remarquable que les vélos électriques à grande vitesse ont relativement peu d’attrait dans un environnement fortement urbanisé où il est parfois difficile de circuler, et où l’on trouve des vélos et trottinettes partagés à tous les coins de rue. Une bonne partie de ces vélos ont sans doute été immatriculés par des entreprises. Heureusement, cette région peut compter sur les immatriculations des sociétés de leasing.

Les autres provinces wallonnes plongent dans le rouge : Hainaut (84 ex., -2%), Liège (72 ex., -9%), Namur (43 ex., -14%) et le Luxembourg (13 ex., -32%). Il faut toutefois souligner que les chiffres absolus sont relativement faibles en Wallonie, et qu’il suffit donc d’une poignée d’unités pour bouleverser les statistiques.

Malgré les généreuses primes récemment mises en place pour les travailleurs wallons qui se rendent au travail à vélo, le nombre d’immatriculations de speed pedelecs à Bruxelles et en Wallonie est donc resté marginal par rapport aux chiffres enregistrés en Flandre (bien qu’en Wallonie, il y a fort à parier qu’il circule un nombre restreint de vélos électriques rapides pris en leasing auprès de sociétés de leasing

Immatriculation de speed pedelecs neufs par province (cumul 2023)

Les chiffres des speed pedelecs d’occasion

Les vélos de leasing sont remplacés après quelques années, et font leur apparition sur le marché de l’occasion. Certains acheteurs particuliers se séparent en outre de leur speed pedelec pour s’offrir un modèle plus récent.

Le marché des speed pedelecs d’occasion croît donc de manière exponentielle : cette année, le nombre de speed pedelecs réimmatriculés en décembre s’est chiffré à 372, contre à peine 251 en 2021. On constate donc une hausse d’environ 150 % en deux ans, et de +10,4 % par rapport à décembre 2022. Au cumul des douze mois de l’année, cette augmentation s’élève à +19,7 % par rapport à 2022, et +125,3 % en comparaison avec 2021.

Immatriculations de speed pedelecs d’occasion – decembre 2023

TRAXIO STATS

TRAXIO assure le suivi mensuel des immatriculations des voitures particulières, motos, véhicules utilitaires, camping-cars, remorques et speed pedelecs neufs et d’occasion. Les statistiques de TRAXIO offrent de nombreux détails instructifs tels que les répartitions nationales et régionales, par type de carburant, émissions de CO₂, marque et âge des véhicules.