Arrimage des charges - partie 2

La partie 1 était surtout consacrée à l’aspect légal, exposé par Sofie Lenaerts, inspectrice à la Police fédérale.  Dans le présent numéro, nous approfondissons l’implication du constructeur dans les solutions de transport de toutes sortes de biens, engins, etc. ainsi que de l’utilisateur final du véhicule.

30-11-2021

Le comportement de la charge dépend de nombreux facteurs : le poids, la hauteur (d’empilage), la manière d’empiler lorsqu’il s’agit de marchandise à la pièce, la glissance du plancher de chargement etc.  La somme de tous ces facteurs est déterminante pour les forces qui se développent lors d’un freinage d’urgence du véhicule.  Les divers équipements développés pour arrimer la charge en tiennent compte et veillent à ce que les forces générées n’endommagent pas le véhicule et que le chargement ne se mette pas à bouger et menacer la stabilité du véhicule.  Il faut en effet éviter que le comportement du véhicule soit encore plus difficile à calculer que ce que le freinage d’urgence provoque déjà.

Du sur mesure pour tout type de transport

Il va de soi que l’arrimage de la charge doit être assuré en dotant le véhicule de l’équipement optimal.  Hilaire Baetens, dirigeant de Baetens-Eksaarde S.P.R.L. à Lokeren : « De nos jours, cela implique que nous réalisions du travail sur mesure en fonction de chaque type de transport.  Volume, poids, type etc., de nombreux facteurs jouent un rôle dans la détermination de l’équipement le plus indiqué pour assurer l’arrimage de la charge.  Cela commence par les conseils que nous prodiguons au client lors du choix du châssis en fonction de la charge et de la construction adéquate.  Pour déterminer tout cela, nous tenons compte du centre de gravité de la charge, qui doit se situer au bon endroit du plancher de chargement pour assurer la réparation équilibrée du poids.  Nous évitons ainsi toute surcharge sur un ou plusieurs essieux, une garantie en soi de la stabilité du véhicule.  Prenons un exemple : lorsqu’on transporte aussi un chariot élévateur à fourche à l’arrière du véhicule, il faut qu’il y ait un contrepoids pour que la pression exercée par la carrosserie sur les essieux soit suffisante.  Le client attache une grande importance à la discussion de chaque ordre individuel.  Par conséquent, il n’est pas rare que nous remettions plusieurs propositions/offres au client ».

En raison des prescriptions en vigueur, il n’y a pas moyen d’utiliser un seul véhicule couvrant tous les types de transport.   Le ‘travail sur mesure’ est la notion qui revient en permanence et qui concerne de nombreux éléments de la construction tels que le coefficient de friction du plancher de chargement, qui influence le risque de glissement, ou pas, de la charge.

« En tant que carrossier-constructeur, nous procédons au calcul du poids pour chaque construction que nous livrons », explique Hilaire Baetens.  « Les carrossiers-constructeurs spécifient par ailleurs ce à quoi l’équipement prévu pour l’arrimage de la charge est capable de résister conformément aux normes EN.  Enfin, les carrossiers-constructeurs rédigent un manuel d’utilisation de la construction comprenant tous les détails de l’équipement utilisé pour arrimer la charge ».

Nombreux sont les chauffeurs qui veulent fixer des sangles ou chaînes de serrage au châssis pour arrimer la charge, ce qui n’est pas légal.  L’expérience a appris à Hilaire Baetens que « la facilité d’utilisation des dispositifs en favorise l’usage correct ».  « Nous prévoyons par exemple un accès aisé au coffre de rangement des sangles de serrage et même un mécanisme à enroulage des sangles, ce qui préserve leur bon état. »

De hautes exigences 

Le carrossier-constructeur ne doit pas seulement effectuer pas mal de travail préparatoire dans le domaine de l’arrimage de la charge et ce, jusqu’à la finalisation du projet de construction, mais aussi pourvoir en une foule de documents devant contribuer au bon usage de l’équipement d’arrimage de la charge.  Pendant la phase de la construction aussi, de nombreuses normes et règles surgissent.

Hilaire Baetens : « A l’achat de matériaux de construction dans le cadre d’un ordre, nous nous préoccupons uniquement de remplir les normes (EN) en vigueur.  Le respect de ces normes est à la base de la qualité que nous fournissons.  Tous les matériaux traités ainsi que les normes qu’ils remplissent doivent figurer sur le certificat que nous sommes tenus de délivrer au client pour chaque produit ».

Tout carrossier-constructeur doit établir un tel certificat portant mention du numéro de châssis du véhicule et de toutes les informations relatives à la construction.  L’utilisateur du véhicule doit être en mesure de le produire à tout moment en cas de contrôle routier et de transport transfrontalier.  Depuis 2016, un autocollant apposé à l’extérieur du véhicule reprend tous les renseignements de base concernant la solidité de la construction.

« Le certificat doit être le plus détaillé possible », souligne Hilaire Baetens.  « Il doit mentionner l’ensemble des dispositifs présents pour assurer l’arrimage de la charge, complété des spécifications concernant les restrictions et les critères pour chaque élément des équipements.  Pour le reste, le certificat reprend aussi les résultats des essais de chargement qui peuvent être effectués de manière dynamique ou par simulation informatique.  Les poteaux utilisés pour fixer la cargaison relèvent d’une procédure d’essai spécifique dénommée EUMOS 40511.  Les poteaux sont pourvus d’un autocollant et assortis des documents y afférents qui, sur un simple coup d’œil, fournissent déjà une foule de renseignements aux forces de police lors d’un contrôle routier.

La réalité de la pratique au quotidien 

Le code de la route accordant une attention particulière à l’arrimage de la charge, les constructeurs sont tenus de respecter de nombreuses obligations et normes, mais en fin de compte, l’important est d’utiliser – correctement – tous les dispositifs présents.  En tant que transporteur, Liesbeth Van Raemdonck, de VRD Logistics, incarne le rôle de l’utilisateur dans la pratique quotidienne : « L’arrimage de la charge fait partie de la formation de chauffeur poids lourd.  Nos travailleurs suivent régulièrement des formations complémentaires pour continuer de se professionnaliser.  Le fait que le chargement des véhicules soit assuré de nuit par des collaborateurs logistiques formés augmente la sécurité de l’arrimage de la cargaison. »

Lorsque le transport consiste à transporter une cargaison X du lieu A au lieu B, le risque est en principe mineur, à moins qu’on ait pêché par nonchalance dans l’usage de l’équipement ou ignoré les règles d’arrimage de la charge.  En pratique, les choses sont différentes et la sécurité visée peut être contraire aux pratiques de chargement et déchargement.

Liesbeth Van Raemdonck : « Les chauffeurs doivent souvent suivre un itinéraire donné pour déposer leur cargaison à différents endroits du pays.  Ce qui fait que la charge change plusieurs fois par jour.  Théoriquement la charge devrait être redistribuée pour une répartition optimale du poids et être à chaque fois arrimée adéquatement.  Les choses se compliquent encore lorsqu’il y n’y a pas seulement déchargement le long de l’itinéraire mais aussi chargement d’une nouvelle cargaison.  Les cargaisons à livrer ont été disposées dans l’ordre de livraison.  Les cargaisons chargées en cours de route doivent y être combinées.  Parfois au mépris de la redistribution et de l’optimisation de la charge, car sur une journée, ce procédé peut coûter facilement une à plusieurs heures supplémentaires ! ».

Dans le secteur du transport, l’arrimage correct de la charge est menacé en permanence par la force de la pression exercée sur les temps de conduite et de repos, les fenêtres de livraison à observer strictement chez les clients et, non des moindres, la concurrence sans pitié que se livrent les transporteurs.  Liesbeth Van Raemdonck : « Nos chauffeurs poids lourd doivent toujours contrôler la cargaison embarquée en cours de route.  Lorsqu’elle ne répond pas aux critères de sécurité, ils doivent la refuser.  Non sans prendre plusieurs photos pour démontrer pourquoi ils l’ont refusée. »

La sécurité avant tout

Choisissez toujours un constructeur professionnel qui connaît la réglementation et les prescriptions d’arrimage de la charge et propose exclusivement des produits qui y sont conformes.  En 2014, une brochure avait été publiée en 18 langues, qui n’est certes peut-être plus tout à fait actualisée mais qui contient toujours les principales ‘Directives européennes sur l’arrimage des charges des véhicules routiers’.  Elle est gratuite et téléchargeable sur : https://op.europa.eu/fr/publication-detail/-/publication/30c7c1dc-f26e-44af-bd4c-2434b43edd7e

Hilaire Baetens, Baetens-Eksaarde :

« Volume, poids, type etc. sont autant de facteurs qui jouent un rôle dans la détermination de l’équipement le plus approprié pour arrimer la charge ».

Liesbeth Van Raemdonck, VRD Logistics : 

« Le fait que le chargement des véhicules soit assuré de nuit par des collaborateurs logistiques formés augmente la sécurité de l’arrimage de la charge. »

Photo: Benjamin Brolet

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