Filip Rylant, porte-parole de la fédération de la mobilité TRAXIO : « Le mois d'octobre a été plus calme sur le marché de l'occasion que l'année dernière, avec une baisse de -2,8 % à 65.351 unités, ce que nous avons effectivement constaté dans les showrooms. Le marché continue toutefois d'afficher de bonnes performances, puisqu’après dix mois, le compteur affiche 621.316 voitures d'occasion immatriculées, soit +0,5 % de plus que l'année 2024, qui avait été très fructueuse. Il reste à voir ce que feront les consommateurs au cours des deux prochains mois, car il est clair que la confiance n'est plus au beau fixe. Une éventuelle période promotionnelle pré-Salon de l'Auto de certaines marques pourrait également avoir un impact sur le marché de l'occasion. Par ailleurs, nous nous attendons à une activité supplémentaire en raison du renforcement de la zone à faibles émissions de Bruxelles, mais cette accélération n'a pas encore commencé. Malheureusement, un certain nombre d'automobilistes ne seront pas à mêmes de remplacer leur véhicule trop ancien par un modèle plus récent.
Cette croissance continue renforce la part des véhicules d’occasion dans le total des immatriculations (neuf et occasion confondus) : 58,4 % sur les dix premiers mois de 2023, contre 63,5 % en 2025. Autrement dit, près de deux voitures immatriculées sur trois en Belgique sont désormais des occasions. Le secteur s'attend à ce que le nombre d'immatriculations de voitures d'occasion continue d'augmenter légèrement dans les années à venir.
Si la part des hybrides (13 %) et électriques (4,3 %) progresse lentement, elle reste encore limitée. Le moteur essence domine toujours le marché de l’occasion (55,8 %), tandis que le diesel continue de reculer (26,4 %) – une tendance appelée à se poursuivre, puisque de moins en moins de véhicules diesel neufs sont immatriculés dans notre pays.
Nous restons par ailleurs confrontés à une spirale négative : l’âge moyen des voitures d’occasion ne cesse d’augmenter. Sur les neuf premiers mois, il atteint 9 ans et 10 mois, et plus de 22 % des véhicules revendus sont âgés de plus de 15 ans. Nos concessionnaires le confirment : de nombreux particuliers se tournent vers des modèles plus anciens et abordables. Ce phénomène accélère le vieillissement du parc automobile et freine les ambitions de verdissement.
Du côté des voitures neuves, le mois d’octobre se solde par une baisse (-6,8 % par rapport à 2024). Sur les dix premiers mois, le marché accuse toutefois une baisse marquée de -9,0 %, avec 357 823 immatriculations contre 393 015 sur la même période en 2024.
Le segment des flottes reste relativement calme, ce qui entraîne une hausse de la part des particuliers, désormais 44,7 % du marché du neuf. Mais cette évolution ne suffit pas à compenser la baisse globale du marché. Le particulier reste prudent : prix plus élevés, climat fiscal incertain et interdiction annoncée des moteurs thermiques neufs à partir de 2035 incitent de plus en plus d’acheteurs à opter pour une voiture d’occasion : une solution moins coûteuse et à moindre risque financier, dans un contexte économique et réglementaire toujours flou. »
Évolution immatriculations d’occasion (octobre 2025)
Les chiffres du mois d’octobre 2025 nous montrent une progression sur le marché de l’occasion vis-à-vis de 2024. En octobre, 65 351 voitures d’occasion ont été réimmatriculées en Belgique, soit 1 850 de moins (-2,8 %) qu’en octobre 2024 (67 201) et 4 203 de plus qu’en octobre 2023 (+6,9 %). En regardant le cumul des 10 premiers mois, nous constatons une forte solidité du marché comparé à l’année succès 2024 (+0,5 %), soutenue par une demande persistante des particuliers qui comptent pour 90,4 % des réimmatriculassions.
Quelques concessionnaires et vendeurs de voitures d’occasion de premier plan nous ont fait part de leurs points de vue intéressants.
Frédéric Vassamillet, SOCO : « Le calme règne depuis ce dernier trimestre, probablement en raison du contexte socio-économique actuel. Nous lisons en plus partout que le parc automobile vieillit, et cela confirme que les ménages reportent ou limitent leurs achats. Il est donc logique que nous observions une baisse des ventes de véhicules d'occasion qui tire les volumes 2025 vers le bas. Nous comptons sur le mois de novembre pour récupérer du volume par des ouvertures et actions exceptionnelles.
Pour ce qui l’impact de la ZBE de Bruxelles – qui sera plus sévère à partir de janvier 2026 – nous ne voyons pas d’effet pour l’instant. Le belge attend - par défaut - le dernier moment et le mois de décembre pourrait donc surprendre. »
Marc Van den Kerkhof, Van Mossel : « Pour les voitures neuves, nous proposons une gamme attrayante de voitures en stock et nous constatons que les clients particuliers s'y intéressent beaucoup. Cela s'explique en partie par une inquiétude croissante quant à la disponibilité des puces nécessaires à la production de voitures neuves. Pour l'instant, il n'y a pas encore de pénurie, mais le risque existe et c'est pourquoi de nombreux clients considèrent que c'est le moment idéal pour rechercher une voiture en stock. Néanmoins, le volume de voitures neuves reste faible par rapport aux années précédentes. Les particuliers optent plus souvent pour des marques bon marché et des moteurs à essence ; les véhicules électriques sont encore trop chers et il existe une incertitude quant à la valeur résiduelle et la durée de vie de la batterie.
Le marché des voitures de flotte continue de se détériorer fortement en raison de la baisse de la confiance économique. Pour des raisons fiscales, les voitures électriques sont très prisées, mais il est remarquable que les gros clients prennent leur temps, analysent la situation en profondeur et procèdent parfois à une enquête de marché auprès des concessionnaires et des sociétés de leasing.
Pour les voitures d'occasion, nous estimons qu'il y a une tendance structurelle à la hausse ; des fluctuations ne sont pas exclues, mais à terme, le marché de l'occasion évoluera positivement. D'ailleurs les ventes se professionnalisent et nous assisterons également à une consolidation croissante. Il s'agit toujours d'un marché destiné aux acheteurs privés et les voitures abordables, entre 15 000 et 20 000 euros, sont toujours très prisées. Les voitures à essence restent les plus populaires. Les voitures électriques à prix abordable suscitent certes de l'intérêt, mais les volumes restent très faibles. En raison de leur prix plus élevé et des doutes éventuels quant à leur valeur résiduelle, les formules de leasing privé et les financements ballon constituent de plus en plus une solution pour les voitures électriques d'occasion. »
Matthias Gommeren, Cardoen : « Au cours des dernières semaines, nous avons accueilli moins de visiteurs que prévu dans nos showrooms. Nos vendeurs pensent qu'un certain nombre de clients potentiels ont décidé de reporter leur achat, car plusieurs marques ont annoncé dans la presse qu'elles allaient déjà commencer à proposer des remises à l'approche du salon de l'auto. Cela semble actuellement freiner la propension à acheter. En outre, le climat économique général joue également un rôle : il a lui aussi un impact négatif sur l'intention d'achat. Ces facteurs combinés freinent actuellement la décision d'acheter une voiture. »
Détails voitures de tourisme d’occasion (octobre 2025)
Les marques de voitures d'occasion qui ont dominé les 10 premiers mois de 2025, sont Volkswagen et BMW. Le top 5 est complété par Mercedes, devançant Peugeot, et Opel.
Parmi les modèles les plus populaires au cumul des 10 premiers mois 2025, rien n’a changé pour le top 5. Ainsi la VW Golf (24 650) arrive toujours en tête, devant la VW Polo (18 019), l’Opel Corsa (15 763), la BMW série 3 (13 755), et la BMW Série 1 (12 573).
Pour les 10 premiers mois de 2025, les moteurs à essence dominent toujours avec 55,8 %, tandis que le diesel perd du terrain avec 26,4 % pour les voitures d'occasion. En revanche, il est encourageant de constater que la part des voitures hybrides et électriques continue de croître, même si cette augmentation reste modeste. En effet, 17,3% sont des voitures électrifiées, dont 13 % sont des hybrides et 4,3 % sont 100 % électriques.
Les proportions sont nettement différentes pour les immatriculations de voitures de tourisme neuves, où les voitures hybrides et électriques, alimentées par les achats en leasing et les acquisitions pour les flottes d'entreprises, représentent une part majoritaire des immatriculations. On observe ainsi une forte croissance des voitures électriques (VE), dont la part de marché est passée à 36,4 % en 2025.
Pendant les 10 premiers mois de 2025, l’âge moyen des voitures d’occasion immatriculées a augmenté jusqu’à 9 ans et 10 mois. L’âge médian est passé, quant à lui, à 7 ans et 9 mois, ce qui est relativement élevé et indique un vieillissement supplémentaire du parc automobile. De prime abord, l’âge médian des immatriculations d’occasion ne fait pas ressortir le vieillissement prononcé du parc automobile, un phénomène néfaste à son verdissement et à la réduction des émissions.
Parmi les voitures d'occasion immatriculées, 26,4 % ont entre 5 et 9 ans, tandis que 33,5 % ont moins de 5 ans, marquant ainsi une baisse par rapport à 2024, où ce pourcentage était de 34,7 %. En revanche, la part des voitures de plus de 15 ans est en hausse, ce qui constitue une mauvaise nouvelle, tant pour le vieillissement du parc automobile que pour la réduction des émissions.
Le marché d’occasion est principalement le domaine des particuliers. Pas moins de 90,4 % des immatriculations sont le fait de personnes privées, tandis que la part des voitures de société d’occasion est de 9,0 % pour 2025. Les vendeurs d’occasions précisent à cet égard que les entreprises débutantes optent plus volontiers pour une voiture de seconde main, et qu’elles montrent souvent de l’intérêt pour les hybrides d’occasion.
La Flandre continue de dominer le marché des immatriculations de voitures de tourisme d'occasion, avec une part de 55,0 %. La part de marché de la Wallonie est de 37,1 %, tandis que Bruxelles a une part de marché de 7,9%.