Pourquoi le succès des voitures partagées reste limité

Selon les chiffres d’autodelen.net, le nombre d'utilisateurs de systèmes de voitures partagées en Belgique a stagné l'année dernière.  Il y a dix ans, cependant, presque tous les trendwatchers du secteur de la mobilité nous ont conseillé d’y mettre notre argent.  Les ventes classiques de voitures auraient dû être décimées entretemps.  Est-ce que le grand succès de ce système reste encore à venir ? 

30-03-2020

Il y a une distinction entre l'offre “station based” et l'offre “free floating”.  Avec la première, vous prenez la voiture à un endroit fixe et vous la ramenez généralement à ce même endroit.  Le principe du “free floating” fonctionne avec une application sur votre smartphone sur laquelle vous pouvez voir les véhicules garés à proximité. Après utilisation, vous pouvez laisser la voiture n'importe où dans une zone prédéfinie.  En Belgique, Cambio, qui travaille en station based, est le seul à parvenir à travailler de manière rentable.  En tant que pionniers, ils ont pu obtenir des emplacements triple A dans les villes les plus importantes à des conditions favorables.   Actifs depuis plus de 15 ans, ils ont su accumuler de l'expérience et ont jeté leur dévolu sur les meilleures parts de marché.  Mais il y a également des limites à ce mode de fonctionnement ; les places disponibles dans les villes ne sont pas illimitées et de plus en plus on réalise que l’autopartage cannibalise principalement les transports en commun.  Peu de propriétaires de voitures choisissent réellement de se débarrasser de leur véhicule fixe et de faire le choix radical d’une voiture partagée.   

Free floating non rentable 

Les systèmes de free floating ont fait leur apparition les dernières années et certains ont entre-temps disparu. Pourtant, il y a un intérêt de la part des consommateurs, mais les coûts logistiques d'un tel système sont très élevés : le taux d'occupation, le temps de location d'un véhicule par rapport au temps d'immobilisation, reste trop faible.  Cela s'explique par le fait qu'un utilisateur quitte généralement une zone à forte densité de population, ou une zone où il y a une bonne offre de transport public, pour se rendre dans une zone plus éloignée.  Il est rare qu'un nouvel utilisateur attende le véhicule à cette destination.  Ainsi, soit la voiture restera à l'arrêt pendant des heures jusqu'à ce que le même utilisateur la ramène, soit, dans le pire des cas, l'opérateur du système doit ramener le véhicule à un endroit où la demande est plus forte.  Le seul remède à cela est d'attirer beaucoup d'utilisateurs, de sorte qu'il y ait une demande partout, mais il faut aussi avoir... une offre énorme de voitures partout.  L’histoire de la poule ou de l'œuf donc.   On pourrait également limiter les zones où le véhicule peut être remis, mais cela va souvent à l'encontre des besoins de l'utilisateur.  Des opérateurs comme Poppy à Anvers et à Bruxelles choisissent la fuite en avant en permettant de transférer les véhicules d'une ville à l'autre et en mettant un grand choix de véhicules à disposition, non seulement des voitures.  Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Une telle entreprise doit donc développer une véritable vision à long terme et, en même temps, disposer de fonds très importants pour combler les années de démarrage déficitaires. 

Mêmes procédures que pour la location de voiture 

En outre, un système d’autopartage souffre des mêmes points névralgiques que la location de voitures classique.  En définissant la future clientèle, les sociétés d’autopartage s’imaginent surtout le yuppie en costume ou la famille vivant dans une maison de ville, ayant besoin d'une voiture occasionnellement.  Ces types de clients existent, mais le trafiquant de drogue qui veut faire une livraison rapide découvre très vite ce moyen de transport idéal.  Sans parler des conducteurs inexpérimentés, avec ou sans permis de conduire, qui cherchent les failles dans les systèmes de contrôle.   L'idée de donner aux nouveaux clients un accès rapide au véhicule, d'appliquer une petite franchise, de faire des contrôles d'identité et de permis de conduire automatisés s’avère beaucoup plus difficile en pratique que ce que l'on pensait à la table de réunion de start-up de l'autopartage. 

Ces sociétés doivent donc commencer à appliquer les mêmes mécanismes de contrôle que les « méthodes à l’ancienne » des sociétés de location de voitures, avec des garanties, une vérification physique au préalable des documents, l’application de restrictions d'âge, etc.  Le seuil pour attirer de nouveaux clients augmente. 

Quel avenir ? 

Cela signifie-t-il que les voitures partagées sont mortes et enterrées ?  Non, il existe bel et bien une clientèle.  Un concept comme Cambio prouve qu'avec le soutien des villes et d'autres acteurs de la mobilité, le modèle commercial est viable.   Les places de stationnement devenant rares et de plus en plus chères dans les villes, peuvent également inciter les habitants à ne plus acheter leur propre véhicule.  Dans ces circonstances, une voiture partagée pourrait s’avérer intéressante. 

Je n'ose pas dire que la voiture partagée connaîtra un grand succès en 2030.  Peut-être que les taxis robots seront devenus omniprésents.  Bien que je ne parierais pas non plus mon argent là-dessus pour l'instant.

 

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