Salon de l’Auto : plus de curieux que d’acheteurs

Bonne nouvelle, le « petit » salon 2019 a accueilli un nombre record de 442.111 visiteurs. Moins bonne nouvelle : les curieux étaient bien plus nombreux que les acheteurs. Et même ces derniers hésitent beaucoup face à l’évolution continue de la réglementation et de la fiscalité automobile.

11-03-2019

« Le salon de l’auto n’a plus le même effet qu’auparavant », entame Peter Daeninck, concessionnaire BMW en Flandre, constatant notamment que les « offres salon sont comparables aux conditions du reste de l’année ». De fait, les conditions salon ne semblent plus réellement convaincre les visiteurs, à l’image de Guillaume, un Bruxellois croisé dans les allées de Brussels Expo, qui est convaincu que « les marques ont tendance à augmenter les prix affichés et faire plus de remises ». Affirmation péremptoire, mais qui traduit l’idée selon laquelle les remises font aujourd’hui partie intégrante du prix.

Martine Sporen, gérante de Toyota Celis à Anvers, souligne que le « salon a débuté une semaine plus tard », ce qui a eu un impact sur la fréquentation dans les show-rooms et les ventes. Un point de vue partagé par d’autres concessionnaires qui n’hésitent pas à parler d’un salon trop tardif dans le mois. Pour Peter Daeninck, le nombre important de visiteurs sur le plateau du Heysel est surtout lié à la bonne communication des organisateurs. Le trafic dans les show-rooms a par contre plutôt tendance à baisser. Ce que confirme Thierry Dumont, administrateur délégué chez Sud Motor, évoquant un « salon très mitigé en termes de trafic show-room et de ventes ».

« Les prospects sont très hésitants, ne sachant pas ce qu’ils devraient acheter : essence, diesel, hybride, électrique… », observe Jean-Marie Descampe, administrateur délégué de Land Rover & Jaguar Wavre. « Ils nous demandent plusieurs offres et font le tour de différentes marques. » 

Large choix de motorisations 

Tant les concessionnaires que les visiteurs que nous avons interrogés le disent : la principale source d’hésitation est le choix de la motorisation. « Le consommateur fait clairement des amalgames, diabolise sans discernement le carburant diesel, se montre hésitant devant les annonces sur les interdictions fixées à plusieurs années », observe Thierry Dumont. Qui milite pour une meilleure communication face aux informations tronquées relayées par les médias et aux effets d’annonce politiques.

Évidemment, « le secteur ne peut que se réjouir de l’apparition de nouvelles motorisations plus propres », signale Martine Sporen. Mais Peter Daeninck regrette que les développements partent dans tous les sens : diesel, essence, hybride, plug in hybride, CNG, électrique, hydrogène... « Les constructeurs ne savent pas quelle carte jouer, ce qui ne facilite pas la tâche des consommateurs ». Ni celle des concessionnaires. Au salon, les visiteurs se sont montrés prudents par rapport à ces nouvelles motorisations propres : « la révolution électrique dans une gamme de prix correcte se fait attendre. » 

Le prix de l’inquiétude 

« Il ne faut pas oublier que l’aspect financier joue un rôle important dans la décision d’achat », rappelle Martine Sporen. Mais le coût d’un véhicule, à l’achat et à l’usage, est devenu plus compliqué à mesurer en raison des nombreux paramètres qui interviennent : fiscalité sur la voiture et les carburants, zones à basses émissions, nouvelles normes WLTP… « Ce climat d’incertitude rend la finalisation des ventes plus difficile », poursuit Peter Daeninck. « La complexité de la fiscalité et le manque de stabilité du législateur à long terme incitent les consommateurs à la prudence et à l’attentisme. »

L’aspect financier est davantage lié aux inquiétudes sur l’avenir qu’à un calcul rationnel basé sur les prix actuels. Même s’il se montre sceptique face au revirement du monde politique, qui encourageait le diesel il y a 10 ans et le voue désormais aux gémonies, Kristof, un acheteur rencontré au salon, a ainsi opté pour l’essence. « Contrairement à nos précédents véhicules, on n'a plus pris de diesel car on ne sait pas ce que ça va donner en taxes et prix à la pompe à l’avenir. Pourtant il ne me semble pas que le diesel soit moins performant sur le plan environnemental au vu de la consommation plus basse et grâce à l’utilisation de filtres à particules. » 

WLTP : impact réel, résultat mitigé

Ces changements de réglementation ne sont pas plus faciles à gérer pour le secteur. « Pour notre marque, le WLTP a un gros impact négatif, les taux de CO2 mesurés étant élevés, nous tombons souvent hors des car policies de sociétés », pointe Jean-Marie Descampe. « Ceux qui tirent leur épingle du jeu sont les marques proposant des petits moteurs essence ou hybrides, des petits prix. » Thierry Dumont s’inquiète de l’effet du WLTP sur les stocks. « Avec la date butoir du 1/09/2018, les importateurs ont gonflé leurs stocks chez les dealers et aujourd’hui nous devons sortir les voitures à tout prix. »

Ces normes WLTP étaient avant tout destinées à éclairer le consommateur. Force est de constater que l’objectif est encore loin d’être atteint. Beaucoup ne savent pas réellement de quoi il retourne. D’autres sont vaguement informés. Et quelques-uns espèrent enfin « pouvoir avoir des consommations plus en adéquation avec la vie "réelle" ».

Encore une fois, l’argument économique de la consommation passe devant l’aspect écologique des émissions. Un point de vue qui semble largement partagé comme le souligne Kristof, non sans ironie : « Quelques marques mettent en avant des émissions de CO2 réduites, mais les gens n’en ont cure, ils veulent tous des SUV qui consomment plus que des berlines. » Un constat partagé par l’ensemble des concessionnaires : « Le segment du SUV reste celui qui témoigne le plus d’attrait ». Il est toutefois « suivi de son extrême des toutes petites citadines », constate Thierry Dumont. Par contre, « le break et la berline classique semblent morts. »

 Quotes de quelques visiteurs

 « Le salon 2019 ne me paraît pas une bonne cuvée, peut-être beaucoup de visiteurs au salon, mais beaucoup de curieux. Les manifestations à Bruxelles sur le climat, les articles anti diesel dans les médias, les taxes, le WLTP ne sont pas de bon augure pour le commerce de VN »

Jean-Marie Descampe, administrateur délégué Land Rover & Jaguar Wavre

 

« Notre pays a grand besoin d’une politique cohérente et stable en matière de mobilité et de fiscalité automobile, tant au niveau régional que national »

Martine Sporen, gérante de Toyota Celis à Anvers

 

 « Je me rendais au Salon tant pour le plaisir que dans la prévision d'un achat futur cette année. »

« Le diesel influence-t-il mon choix? Non, le diesel reste moins polluant à mes yeux. »

« Les zones de basse émission n'ont pas d'impact sur mes choix : je vais rarement dans les grands centres ville ou alors en transports en commun. »

 

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