Valorisation voitures d’occasion

Les chiffres ne mentent pas.  Comparé aux véhicules neufs, plus du double de véhicules d’occasion ont trouvé un nouveau propriétaire en novembre 2021.  Mais il n’y a pas que cela.  L’offre de véhicules d’occasion risque de se tarir.  Un autre phénomène est que non seulement plusieurs grands groupes commerciaux mais également un constructeur comme Renault prennent des initiatives pour reconditionner et remettre sur le marché des voitures usagées.

12-01-2022

En novembre 2021, il s’est vendu 17,1 % de voitures neuves de moins qu’en novembre 2020.  Comparé à novembre 2019, le déclin atteint même 29,9 %.  Non pas que l’intérêt pour les voitures neuves soit retombé dans les mêmes proportions dramatiques.  Les carnets de commande sont plutôt bien remplis mais les livraisons ne suivent pas et les délais s’allongent.

Le déclin du marché neuf résulte de plusieurs facteurs.  En première instance, il y a la pénurie de semi-conducteurs, toujours plus indispensables sur des véhicules de plus en plus digitalisés.  Les sous-traitants comme les constructeurs se voient obligés de freiner leur production parce que des travailleurs sont malades ou en quarantaine.  Le secteur du transport aussi est déréglé.

Attitude expectative

Hormis les difficultés de production et de transport auxquelles l’industrie fait face, on ne peut nier que les voitures neuves ont quelque peu perdu de leur intérêt.  Les contrats de leasing ont été prolongés en raison de la généralisation du télétravail et, en conséquence, de la diminution des kilomètres parcourus.  Sans oublier les particuliers qui constatent que l’offre de voitures relativement bon marché s’est considérablement réduite.

Le segment A, dans lequel on retrouve la VW UP par exemple, s’est complètement érodé du fait du renforcement constant de la législation sur les émissions.  Les constructeurs doivent se conformer aux exigences de la Communauté européenne qui réduit l’émission moyenne de CO2 à 95 g/km et n’y parviennent qu’en complétant leur gamme de modèles mild-hybrides, hybrides et électriques.  Mais l’électrification de ce type de voitures les rend précisément trop chères pour beaucoup de gens. 

La quête de voitures qui conviennent

Ivo Willems, un des CEO chez Cardoen, confirme le glissement s’opérant sur le marché : « Le consommateur constate qu’il n’existe plus de voitures bon marché comme dans le temps, telle la Nissan Pixo.  Dans la catégorie des voitures un peu plus spacieuses, nous voyons qu’une Polo neuve coûte aussi cher qu’auparavant une Golf.  Pour le même prix, le consommateur d’aujourd’hui se retrouve dans une plus petite voiture alors que ses enfants ont grandi.  Entre-temps l’offre de véhicules électriques s’étoffe et la politique oblige les gens à passer à l’électrique.  Mais ces voitures sont trop chères pour beaucoup, sans parler des obstacles pratiques.  En effet, pour profiter au maximum d’une voiture électrique, il faut pouvoir la recharger à la maison.  Ces éléments poussent les gens à acheter une occasion à alimentation traditionnelle plus abordable et assortie d’une garantie. »

Pour le secteur, c’est tout un défi de trouver des voitures qui conviennent.  Iede Aukema, directeur de BCA Autoveiling, témoigne : « Nos voitures proviennent essentiellement de trois canaux.  Tout d’abord les véhicules provenant des sociétés de leasing.  Mais depuis un an et demi, le nombre d’anciennes voitures de leasing a diminué en raison de la prolongation de nombreux contrats de leasing.  En effet, on roule un peu moins.  La réduction des coûts étant à l’ordre du jour, le nombre de nouvelles recrues qui a droit à une voiture de société est en baisse.  En compensation, au début de la crise du covid, nous avons récupéré beaucoup de voitures des sociétés de location confrontées au recul du tourisme et obligées de réduire drastiquement leur parc automobile.  Cette réduction étant accomplie, l’offre provenant de ces sociétés s’est raréfiée.  Nous trouvons toutefois encore de nombreux véhicules par le biais de notre troisième canal, à savoir les concessionnaires qui s’adressent à nous pour une estimation rapide. » 

Ivo Willems ajoute encore ceci : « Jusqu’à il y a peu, nous achetions souvent des voitures par lots.  Dorénavant ces achats sont individuels.  Ce qui prend plus de temps à nos acheteurs et évaluateurs et nous a obligés à engager du personnel supplémentaire détenant ces compétences.  Nous devons être vigilants à proposer les voitures que le consommateur recherche.  Proportionnellement, l’offre de SUV coûteux est plus étoffée que celle de voitures abordables jusqu’au segment C alors que la demande de ces voitures abordables est plus importante. »

Reconditionnement de voitures usagées

Une nouvelle tendance qui trouve son origine en France est le reconditionnement de voitures usagées et cela va beaucoup plus loin qu’un toilettage cosmétique.  La mécanique de la voiture est entièrement révisée et remise en état, pensons notamment au remplacement de la courroie de distribution et, le cas échéant, des disques de frein et autres composants. 

Nous avons demandé à Iede Aukema si le reconditionnement résultait de l’évolution du marché et de la crise sanitaire : « Nous avons conclu un partenariat avec le Groupe Emil Frey et reconditionnons des voitures usagées depuis un an.  Nous en reconditionnons actuellement 32 000 par an.  Nous ouvrirons bientôt un deuxième établissement dans le nord de la France, à Lille plus précisément.  Ces initiatives arrivent à point nommé parce que la demande de voitures d’occasion est forte mais l’idée avait déjà germé bien avant la crise du coronavirus et la pénurie de semi-conducteurs.  De nombreuses voitures d’occasion sont proposées et vendues online aux consommateurs finals, et les garagistes ne sont pas en reste.  C’est pourquoi nous voulons alimenter ces canaux de véhicules dont l’état est optimal et pouvant se vendre avec une solide garantie.  Le secteur qui touche le consommateur final est demandeur de ce genre de véhicules. »

En novembre dernier, Cardoen, sur l’incitation de sa maison-mère française Aramis, s’est lancée dans une initiative similaire.  Dans son centre de reconditionnement dénommé TRC et situé à Wilrijk, les voitures usagées subissent une révision complète et surtout une remise en état mécanique.  D’ici 2025, il devrait y avoir 250 ateliers.  Ivo Willems précise : « A l’heure actuelle, une équipe reconditionne annuellement entre 6 000 et 7 000 voitures.  Ce procédé est bon pour l’environnement.  On oublie souvent les émissions de CO2 que suppose la construction de voitures neuves, et pas des moindres les voitures électriques.  Dans ce domaine, la réutilisation vaut mieux que la production neuve.  Nous sommes convaincus de la qualité des voitures que nous revendons.  Pour tout paiement unique, nous accordons une garantie de dix ans calculée à partir du moment où le véhicule était neuf. » 

Même Renault 

L’initiative de Cardoen est cautionnée par Aramis, une division de Peugeot.  Mais Renault aussi s’est lancée dans le projet du reconditionnement baptisé ‘Refactory’ et présenté il y a un an.  L’usine de Flins (dans les Yvelines, en France) devient une Factory VO (véhicules d’occasion), spécialisée dans le reconditionnement de véhicules d’occasion à l’échelle industrielle. 

Karl Schuybroek, porte-parole de Renault Belgique, explique : « L’initiative est née avant la pandémie en réponse aux besoins du marché.  Il y a une forte demande de voitures abordables en bon état.  La plupart des voitures proviennent du réseau Renault et sont revendues dans le réseau après reconditionnement.  A ce jour, la France fait encore exception mais nul doute que le reconditionnement s’étendra aux autres marchés européens.  A ce jour, le reconditionnement ne s’effectue que sur des véhicules du Groupe Renault mais il est envisagé de reconditionner aussi des voitures de marques tierces.  L’intention n’est évidemment pas de retirer la remise en état de voitures aux concessionnaires mais au contraire de soutenir notre propre réseau.  Flins travaille dans le respect d’un procédé bien défini pour assurer la qualité. »

Une chose est claire, toutes ces initiatives redorent significativement le blason des véhicules d’occasion.

Iede Aukema, BCA Autoveiling :

« Le secteur qui touche le consommateur final, est demandeur de ce type de véhicules. »

Ivo Willems, Cardoen :

« Ce procédé est bon pour l’environnement.  On oublie souvent les émissions de CO2 que suppose la construction de voitures neuves, et pas des moindres les voitures électriques.  Dans ce domaine, la réutilisation vaut mieux que la production neuve. » 

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